Comment évolue le rapport des Français à l’emploi ?

Ces dernières années, lorsque les mots travail et français sont associés, c’est généralement annonciateur de mauvaises nouvelles, entre « grosse démotivation » et « flemme généralisée ». L’entreprise ne fait plus rêver, le travail est de moins en moins considéré comme un moteur au quotidien, la relation des Français à l’emploi semble être mise à mal… alors les Français sont-ils tous au bord du burn-out ? Focus sur le rapport des Français à l’emploi.        

Actualité rapport des Français à l'emploi

Une prise de distance vis-à-vis de l’entreprise

Un problème d’attachement

Aujourd’hui, on évoque souvent un « manque d’engagement » des Français en ce qui concerne leur emploi. En réalité, 86% des 16-45 ans se disent engagés dans leur travail, indépendamment du sexe ou de l’âge. Cependant,  en reformulant la question avec le terme« attachement », on obtient un écart de 12 points à la défaveur de l’attachement (74% des 16-45 se déclarent attachés à leur travail). Pourquoi un tel écart ?

Si l’engagement est conçu dans la relation directe au travail, l’attachement est plus généralement dirigé vers l’entreprise. Or, celle-ci est de moins en moins considérée comme une source d’inspiration professionnelle : seuls 10% des 16-45 ans la qualifie ainsi dans le monde de l’entreprise.

Un rapport transactionnel

Lorsque l’on questionne le rapport à l’emploi des salariés français, on réalise rapidement que la rémunération est leur première préoccupation, devant la reconnaissance et le bien-être au travail. Par ailleurs, le salaire est priorisé comme facteur de réussite par rapport à d’autres dimensions relatives au travail ou au métier. Les conditions de travail dans leur ensemble, comprenant le salaire, sont les principales motivations de l’engagement des 16-45 ans. Il constitue ainsi à la fois le premier critère de réussite professionnelle et le premier facteur d’engagement.

Seuls 6% citent le fait d’exercer des responsabilités comme critère de réussite et 2% le fait de manager. La passion du métier, elle, n’est évoquée que par 12% des répondants comme un facteur d’engagement. Ainsi le rapport des Français à l’emploi est loin d’être celui d’une passion, mais tient d’avantage du registre de la transaction : il faut travailler pour avoir de l’argent et ainsi réussir sa vie.

Il faut tout de même nuancer, ce n’est pour autant que la nature du métier perd tout intérêt : l’impact du métier exercé au quotidien est cité par 23% des répondants comme un de leurs 3 premiers critères de réussite professionnelle.

L’entreprise n’est plus porteuse d’avenir 

On peut questionner son avenir professionnel à tout âge dans n’importe quelle profession. Sur qui compter pour réussir sa vie professionnelle ? Pour 64% des salariés français interrogés sur la question, la réponse est eux-mêmes. Seulement 16% répondent l’entreprise, c’est bien moins que la plupart de nos voisins européens.

Les Français se montrent ainsi assez pessimistes vis-à-vis des perspectives que pourrait leur offrir leur entreprise. Tout cela nuit considérablement à la fidélité des salariés et aboutit à faire de la rétention de talents l’un des principaux enjeux pour les entreprises. 34% des salariés se disent prêts à changer d’emploi dans les 12 prochains mois en dépit du contexte économique peu favorable.

Un équilibre plus précaire entre vie professionnelle et vie personnelle

Le télétravail au cœur des préoccupations

Ces dernières années, le télétravail s’est distingué comme la grande révolution survenue dans les modes de travail. Le fait qu’il est désormais possible pour les Français de travailler, une plus ou moins grande partie de la semaine, chez eux, brouille la ligne entre la vie personnelle et la vie professionnelle.

58 % des salariés français souhaiteraient avoir 2 à 3 jours de télétravail par semaine, mais très peu sont intéressés par un télétravail complet (13%). Par ailleurs, dans les faits, la présence du télétravail dans la vie des salariés français est moins importante qu’on ne le pense : si l’on compile toutes les réponses des salariés on arrive à 1,4 jour de télétravail souhaité, mais dans les faits, les employeurs ne proposent que 0,7 jour par semaine.

Les locaux de l’entreprise sont désormais un espace aux multiples fonctions. Ils sont devenus un espace de socialisation essentiel. C’est d’ailleurs la première raison pour les salariés de venir au bureau.

Une question d’équilibre

Le travail a toujours été jugé comme une part très importante de leur vie par les Français. Entre 1999 et 2018, plus de 60 % des Français déclaraient ainsi que le travail était très important dans leur vie, contre 50 % pour les Danois, les Hollandais, les Allemands ou les Britanniques. Néanmoins, ils expliquaient aussi vouloir que ce même ce travail prenne moins de place dans leurs vies, créant ainsi un paradoxe. 

L’équilibre entre le pro et le perso est donc au centre de la relation entre les Français et l’emploi :

  • Pour 27% des répondants, l’équilibre vie professionnelle/personnelle est le premier facteur susceptible de baisser la productivité en présentiel.
  • L’équilibre vie professionnelle/vie personnelle est le second critère de réussite professionnel des 16-45 ans.

L’importance d’affirmer ses valeurs

Enfin, la dernière tendance qui ressort dans les études est celle du développement d’une conscience environnementale. Les Français d’aujourd’hui sont parfaitement lucides sur le fait que le monde est en transition et qu’il est nécessaire d’évoluer avec lui. Ainsi, de plus en plus de personnes souhaitent faire converger leurs valeurs personnelles et leur travail.

Si le salaire est généralement priorisé sur les autres caractéristiques de l’emploi, parmi les 16-45 ans, presque une personne sur cinq se dit prête à avoir plus d’impact plutôt que plus de salaire. Par tranche d’âge, le 16-24 ans sont les plus nombreux à accorder de l’importance au fait d’avoir un métier qui a du sens.


Le rapport des Français à l’emploi est donc paradoxal. Si le travail est toujours jugé important, l’entreprise n’est plus porteuse d’avenir et le salaire constitue la principale motivation. La frontière entre vie personnelle et vie professionnelle se trouble et de plus en plus de français désirent faire converger leurs valeurs et leur quotidien avec leur emploi. Ces nouvelles tendances peuvent constituer le prélude à d’autres façon d’appréhender l’emploi, et soulignent l’enjeu fondamental de notre mission, au sein du Groupe IGENSIA Education (ex Groupe IGS), de former des acteurs d’un monde en métamorphose.

 

Rédactrice : Clotilde Chevalier 
Direction Communication Groupe IGENSIA Education (ex Groupe IGS) 

Nos sources

Tous les chiffres qui nous ont aidé pour la rédaction de cette actualité sont issus de deux rapports :

  • Le sondage "OpinionWay pour Kéa" publié en novembre 2023 qui a été mené auprès des étudiants, jeunes et moins jeunes actifs pour décrypter leur rapport au travail et leur relation à l’entreprise.
  • L’étude « EY Work Reimagined », publiée par EY en octobre 2023, menée tout au long de ces quatre dernières années auprès de salariés et employeurs de tous pays et toutes générations sur les changements opérés ou à venir dans le monde du travail. 
     

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