Études et anxiété : comment reprendre le contrôle ?
70 % des 18-28 ans sont touchés par des troubles d’anxiété, et un chiffre qui grimpe à 73 % pour les étudiants. Comment faire face à l’anxiété en étude ? Quel impact peut-elle avoir sur le quotidien et que faire lorsqu’elle nous submerge ? Nous avons interrogé Solène Du Hamel Fougeroux, psychologue au sein de la mission handicap du Groupe IGENSIA Education, pour répondre à ces questions.
Comment se manifeste l’anxiété ?
Si on vous demande si vous voyez ce qu’est l’anxiété, il est fort probable que votre réponse soit positive. En revanche, si on vous parle d’en donner une définition précise, la mission sera probablement plus compliquée. Vous ne mettrez certainement pas en avant les mêmes choses que votre voisin. D’autant plus qu’on confond souvent anxiété et stress. Selon Solène Du Hamel Fougeroux, « c’est normal d’être stressé de manière raisonnable en étude, mais si on stresse sur une longue période de manière très forte, alors on peut parler d’anxiété ».
En vérité, la meilleure manière de décrire l’anxiété passe par les quatre symptômes par lesquelles elle se manifeste :
- Les symptômes physiologiques : compression au niveau du cœur, tremblement au niveau des membres, vertiges, avoir chaud, se sentir très faible… « Il y a plein de symptômes différents, mais ils sont tous très envahissants ».
- Les symptômes affectifs : peur, inquiétude, crises de panique, crises d’angoisse…. « En général, l’anxiété, c’est lié à la peur et à l’inquiétude ».
- Les symptômes cognitifs : difficulté à se concentrer, impossibilité de dormir (hypersomnie, insomnie…), impression de parfois devenir fou. « Cette impression vient d’un manque de contrôle, de peurs irrationnelles. Les apprenants ont l’impression que ces peurs vont rester toute leur vie et qu’ils ne pourront jamais vivre normalement ».
- Les symptômes comportementaux : éviter les situations compromettantes, qui peuvent provoquer de l’anxiété. « Par exemple, les personnes ayant de l’anxiété sociale évitent les situation qui peuvent les mettre en difficultés socialement, cela peut aller d’un apéro avec peu de personnes que l’on connaît à la boîte de nuit ».
En quoi l’anxiété peut-elle être un problème au sein des études ?
Différents degrés d’anxiété
Il ne faut pas diaboliser l’anxiété. Elle ne constitue pas systématiquement un frein pour les études. « Tout dépend du degré d’anxiété. Si vous ressentez certains symptômes, mais que vous continuez à vivre normalement, simplement en évitant parfois certaines situations, ça n’aura que peu ou pas d’impact sur vos études. Si c’est une anxiété forte avec des crises d’angoisse très régulières, où vous évitez toute situation d’anxiété au point d’être fortement limité dans vos sorties, ça devient très handicapant et peut entraîner l’arrêt des études », explique Solène Du Hamel Fougeroux.
L’anxiété, un trouble aux nombreuses sources ?
Si l’anxiété prend ainsi racine dans la période des études, ce n’est pas un hasard. Il s’agit d’un milieu extrêmement propice à son développement : « quand on est apprenant, on a beaucoup plus de causes d’anxiété que pour d’autres personnes ». Horaires précis, devoirs à rendre, capacité d’écoute qui doit être optimale, posture et attitude à maintenir dans le temps… Les études sont synonymes de rigueur, de contrôle et de contraintes.
Si l’on n’apprécie pas ce que l’on fait, qu’on a du mal à se concentrer et qu’on perd le rythme, cela peut rapidement occasionner le développement d’une plus ou moins forte anxiété. Mais à cela s’ajoutent d’autres problématiques dont l’impact est parfois négligé :
- Performer : « pour avoir un travail et surtout choisir ce travail. Cette pression peut parfois amener dans les cas les plus graves à un burn-out ».
- Faire la fierté de ses proches.
- Assurer ses finances : les études, ça coûte cher et tout le monde n’est pas alternant ou stagiaire. Même dans ce cas, l’argent gagné peut être insuffisant à financer la vie quotidienne. « Il faut gérer son temps et son argent et l’anxiété financière peut être très forte. L’argent prend alors une place tellement importante dans la vie de l’étudiant que toute son anxiété tourne autour de ça ».
- Se faire des amis : « Il y a aussi une sorte d’obligation d’avoir des amis quand on est en études. Du coup, quand on n’en a pas, cela peut aussi entraîner l’arrêt des études car on se demande ce qu’on fait là et pourquoi on ne parvient pas à sociabiliser ».
- Se comparer aux autres : quand on est amené à être confronté à des personnes d’âges proches qui font le même parcours et vont se diriger vers les mêmes domaines, un processus de comparaison se met spontanément en place. Ce phénomène s’intensifie avec l’existence des réseaux. « L’anxiété grandit aussi à cause des réseaux sociaux chez les jeunes adultes, car on se compare constamment aux autres ».
Bien souvent, ces différentes sources se cumulent pour générer une anxiété constante. Les choses peuvent alors très vite dégénérer.
Existe-t-il des techniques pour lutter contre l’anxiété ?
Il existe de nombreuses techniques pour lutter contre l’anxiété, mais tout comme les symptômes peuvent différer d’un individu à l’autre, les solutions ne sont pas les mêmes pour tous. C’est pourquoi, d’après Solène Du Hamel Fougeroux, « la première technique, c’est d’identifier les causes de l’anxiété, dans quelles situations on a de l’anxiété ? Qu’est-ce qui déclenche des crises ? ».
La fuite, une solution non-durable
Il faut différencier l’anxiété en général, des crises d’angoisse. Les crises d’angoisse sont difficilement contrôlables, mais on peut les sentir arriver. « Elles peuvent durer de quelques minutes à 2-3 heures, ce qui est très long ».
Dans le cas de l’anxiété, on a tendance à avoir envie d’éviter les situations qui sont susceptibles d’en susciter. « On peut anticiper les situations qui nous donnent de l’anxiété, mais l’évitement ne va pas marcher pour toujours. On risque d’aboutir à l’effet inverse et créer de l’anxiété de l’anxiété, c’est l’anxiété d’avoir de l’anxiété ». Se crée alors un cercle vicieux dont il est difficile de sortir. D’où la nécessité de vous forcer à vous confronter à des situations qui vous seront défavorables. « On ne peut pas toujours tout éviter, mais on peut mettre en place des choses pour que ça aille mieux au moment T ».
Apprenez à respirer
On a tendance à sous-estimer le pouvoir de la respiration. Si le corps est intimement lié à l’esprit, l’esprit est lui aussi intimement lié au corps. « Quand on ressent de l’anxiété, le cerveau se met en état d’alerte. Il a repéré un danger, donc le rythme cardiaque accélère. Si on parvient à faire descendre notre rythme cardiaque, on va calmer le cerveau, et ça, on peut le faire en maîtrisant notre respiration ». Pas besoin de gestes très techniques ou de grandes opérations. « Cela peut être simplement d’inspirer pendant 5 secondes, puis d’expirer pendant 5 secondes jusqu’à ce que vous vous sentiez plus calme ». Cependant, vous pouvez aussi choisir d’opter pour des techniques bien définies. Il en existe de nombreuses dont :
- la sophrologie ;
- la cohérence cardiaque ;
- la relaxation ;
- la méditation pleine conscience.
« Ce sont des techniques qui permettent de rationaliser ce qu’il se passe, de calmer le corps. À partir du moment où on calme le corps, on calme notre esprit. On passe par le corps pour atteindre l’esprit ». Faites des choses qui vous font du bien
Cela peut paraître évident, mais pour autant on a souvent tendance à se focaliser sur le négatif. « Vous pouvez aussi repérer vos ressources, ce qui vous fait du bien ». L’anxiété, c’est aussi quelque chose qui s’entretient par des pensées noires, et l’isolement et l’enfermement dans des activités qui nuisent à notre moral lui servent de carburant. « Nous possédons des ressources internes et des ressources externes » nous explique Solène Du Hamel Fougeroux.
- Les ressources internes sont liées à qui nous sommes : il peut s’agir du fait d’apprendre à rigoler de certaines situations, d’être résilient devant d’autres…
- Les ressources externes sont liées à notre environnement : les proches qui nous entourent et nous font nous sentir bien, le sport qui nous permet de nous dépenser et de produire des endorphines.
Rédigez un journal d’anxiété
Nous avons tous des manières différentes d’exprimer notre anxiété, certains ont besoin d’extérioriser par la parole et se confient facilement à ceux qui les entourent. D’autres, au contraire, ont beaucoup plus de mal à communiquer leurs angoisses. L’écrit peut être une bonne manière de déverser cette anxiété qui peut nous manger de l’intérieur.
À la manière d’un journal intime ou d’un carnet de bord, « on y écrit nos pensées assez régulièrement pour poser ce qui nous angoisse et ne plus l’avoir dans la tête ». Tous vos sentiments de stress, de peur ou d'incertitude. Il n'a pas besoin d'être sophistiqué ou bien écrit, il s’agit surtout d’une safe place, d’un endroit sûr où vous pouvez déverser sans crainte ce qui vous pèse au quotidien. Par ailleurs, cela peut aussi être le socle de réflexions sur les causes de cette anxiété et des solutions testées pour la neutraliser.
Ce qui est vraiment important, ce n’est pas la technique qu’on utilise (toutes ne sont pas efficaces sur tout le monde), c’est surtout de les tenir sur la durée. « Souvent, on me dit ʺJe l’ai fait une fois et ça n’a pas marchéˮ, mais pour prendre une habitude il faut 3 semaines ». Essayez donc de le faire régulièrement pendant au moins 3 semaines avant de renoncer.
Que faire en cas de crise d’angoisse ?
Pour l’anxiété du quotidien, on peut trouver des techniques, mais que faire quand une crise d’angoisse survient sans qu’on puisse faire quoi que ce soit pour la stopper ? « Quand on est en pleine crise d’angoisse, c’est compliqué, car nous ne sommes pas rationnels. Il faut avoir un contact de confiance et d’urgence à joindre. Juste avoir quelqu’un qui est bienveillant et qui rationalise à notre place peut nous aider ».
Se confier peut sembler difficile, voire un peu honteux, mais gardez en tête qu’il n’y a absolument rien d’étrange ou d’avilissant à faire des crises d’angoisse. Ce sont des choses que vous ne contrôlez pas, dont vous n’êtes en rien responsable et qui sont présentes dans le quotidien de beaucoup d’autres personnes. « On peut essayer de dédramatiser, mais souvent on a l’impression qu’on va mourir. Il faut réussir à réaliser qu’on n’est pas en danger imminent, mais c’est très compliqué à faire seul. C’est important qu’il y ait au moins une personne qui soit au courant de ça. Quelqu’un que vous pouvez appeler à n’importe quelle heure et qui vous aide ».
Qui contacter ?
De nombreuses lignes d’écoute
- Santé Psy étudiant : ce dispositif vous permet de consulter un psychologue gratuitement, parmi une liste de thérapeutes.
- Mon Parcours Psy : ce dispositif vous permet de vous faire rembourser 8 séances d'accompagnement psychologique par an.
- La ligne d’écoute Cnaé : vous pourrez être mis en contact gratuitement avec des professionnels psychologues, travailleurs sociaux, qui vous écouteront, vous répondront et vous orienteront vers les ressources adéquates.
- S.O.S Amitié : grâce à ce service d’aide par l’écoute en ligne, en chat et par messagerie, vous pourrez vous adresser à des écoutants bénévoles qui vous écouteront et vous guideront pour comprendre et apaiser la cause de votre souffrance.
- Nightline France : cette ligne d’écoute nocturne est ouverte à tous les étudiants de 20h30 à 2h30, vous pouvez passer un coup de téléphone ou écrire sur le tchat pour vous confier à des étudiants bénévoles gratuitement.
L'offre IGENSIA For Me
En tant qu’apprenant du Groupe IGENSIA Education, vous êtes couverts par un contrat « FOR ME » vous permettant d’avoir accès à une équipe dédiée en ligne qui comprend les services suivants :
- soutien psychologique ;
- accompagnement famille et vie sociale ;
- assistance administrative et juridique ;
- conciergerie et téléconsultation médicale.
Vous pouvez appeler votre ligne IGENSIA For Me au 01 75 00 48 83.
Rédactrice : Clotilde Chevalier
Direction Communication Groupe IGENSIA Education