La colocation intergénérationnelle : solution idéale pour les jeunes à la recherche d’un logement ?

Fin 2024, la Coalition pour le Logement des Jeunes (CLJ) révèle que les 16-30 ans rencontrent de plus en plus de difficultés à se loger, une situation résultant d’une demande en constante augmentation, alors que l'offre reste insuffisante. Dans ce contexte, la colocation intergénérationnelle pourrait-elle représenter une alternative intéressante pour les jeunes en quête d'un logement accessible ?
 

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La colocation intergénérationnelle : un concept révolutionnaire pour les logements de demain ?

D’après l’Agence nationale pour l'information sur le logement (ANIL) :

« La cohabitation intergénérationnelle solidaire permet à des personnes de plus de 60 ans de louer ou de sous-louer une partie de leur logement à un jeune (moins de 30 ans), dans l’objectif de renforcer le lien social et de faciliter l’accès au logement à un jeune. »

Étudiants, alternants, stagiaires, jeunes travailleurs… Face à la crise du logement actuelle, nombreux sont ceux qui décident de se tourner vers la colocation intergénérationnelle.

En France, la cohabitation (ou colocation) intergénérationnelle s’est développée depuis 2004 grâce à diverses associations qui ont instauré des chartes de bonnes pratiques et des modèles de contrat. Ce nouveau concept d’habitat partagé est encadré par des mesures législatives issues de la loi pour l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, dite loi ELAN datant du 23 novembre 2018. 

Elle stipule notamment que : 

  • L’hébergeur doit avoir la capacité de présenter une chambre de 9m² au minimum.
  • La personne âgée peut être propriétaire ou locataire de son logement (maison ou appartement).
  • Si le sénior est locataire, il se doit d’avertir le propriétaire, mais il n’est pas obligé d’obtenir son autorisation.
  • Le logement doit aussi être le domicile principal de la personne âgée.

Un locataire qui sous-loue une partie de son logement à un jeune de moins de 30 ans peut prétendre aux aides au logement, à condition de répondre aux critères d’éligibilités.

De même, le jeune de moins de 30 ans, à qui une partie du logement est sous-louée, peut également bénéficier des aides au logement s'il remplit les critères d’attribution.

 

Une formule qui profite aux jeunes… comme aux seniors

De prime abord, ce mode de cohabitation sonne plus avantageux pour les étudiants ou tout autre jeune de moins de 30 ans, mais en réalité, il bénéficie autant aux personnes âgées. 

Ce système permet notamment aux séniors de rompre la solitude et l’isolement dont ils peuvent souffrir à cet âge-là. Certains seniors recherchent seulement un peu de compagnie, une présence chaleureuse à leurs côtés, une personne avec qui converser et à qui se confier afin de créer des liens sociaux… Et c’est auprès des jeunes que ces liens se créent. Des jeunes pour qui la rentrée scolaire est souvent associée à une pénurie de logements. 

Chambres universitaires affichant complet, appartements privés indisponibles, colocations surchargées, loyer trop élevé, logement trop éloigné du lieu de travail ou du lieu d’études … Durant cette période où il y a de nombreux déménagements, il est plus difficile de trouver un toit. Pendant que les personnes âgées, elles, se retrouvent très fréquemment seules dans des logements parfois trop grands après le départ des enfants et les aléas de la vie.

Outre une présence réconfortante, la cohabitation intergénérationnelle solidaire permet de fortifier les relations sociales des séniors qui peuvent, par la même occasion, y trouver un intérêt financier. Le partage des charges courantes (électricité, chauffage, internet…) est un avantage non négligeable, notamment lorsqu’il y a une diminution de revenus soudaines (décès du conjoint, passage à la retraite…) pouvant mettre en péril la possibilité de continuer à vivre dans sa maison ou son appartement du fait de charges devenues trop élevées. 

La cohabitation intergénérationnelle est ainsi une alternative qui permet aux jeunes, comme aux seniors, de surmonter les divers problèmes auxquels ils font face.

 

Comment fonctionne la colocation intergénérationnelle ?

  • La gratuité : la personne âgée peut offrir une partie de son logement gratuitement en contrepartie de menus services rendus et/ou de temps de présence rassurante (prises de rendez-vous chez le coiffeur, de rendez-vous médicaux, aide pour le ménage ou la cuisine, présence régulière la nuit et certains week-ends, courses…) sans aucune contribution financière.

Mais attention, en aucun cas le jeune ne se substitue à du personnel soignant ou à une aide à domicile (soins médicaux, lever, toilette, coucher…) pour avoir la possibilité de profiter d’un logement chez un sénior. Ces menus services doivent être ponctuels. La présence bienveillante, par exemple, est en quelque sorte un service rendu à l'hébergeur.

  • La sous-location : en échange d’une contribution financière modeste, la personne âgée loue une partie de son domicile.

Parallèlement, les colocataires peuvent aussi pratiquer des activités ensemble telles que le jardinage, jouer à certains jeux de société ou apprendre une nouvelle langue. C’est également une opportunité de tisser des liens sociaux entre deux générations qui, autrement, n’auraient peut-être pas été amenées à interagir ensemble. 

 

S’entendre sur les règles, la clé d’une cohabitation réussie

La durée de la cohabitation et la contrepartie, en particulier financière, sont déterminées d’un commun accord entre les parties dans le cadre d’un contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire.

Il est important de définir le cadre de la cohabitation par le biais d’un contrat, car le partage d’un même logement entre différentes générations peut, parfois, être source de quelques tensions. Il est donc nécessaire de prévoir dans ce contrat les conditions de la colocation et ce à quoi chacun s’engage. 

Et lorsque l'une des deux parties décide de résilier le contrat, le délai de préavis applicable est d'un mois.

 

Prêts à franchir le pas ? 

Besoin d’accompagnement ? Des associations sont là pour conseiller les personnes dans leur projet de cohabitation intergénérationnelle solidaire. Elles servent plus particulièrement à faciliter la mise en contact entre les personnes âgées et les jeunes en quête d’un logement.

Pour savoir si une association propose cela près de chez vous, contactez votre point d’information local dédié aux séniors.

Vous pouvez également explorer le site du réseau Cohabilis, qui permet de repérer une structure dédiée à l’accompagnement des personnes âgées pour mettre en place une cohabitation intergénérationnelle. Cette plateforme propose notamment les contacts des diverses structures (services créés par les collectivités locales ou associations) présentes sur l'ensemble du territoire français.
 

 

La colocation intergénérationnelle offre des bénéfices tant pour les jeunes, qui accèdent à un logement à moindre coût, que pour les seniors, qui y trouvent un moyen de combattre la solitude. Elle permet de rompre l’isolement et de partager des moments enrichissants. Cependant, pour que l’expérience soit réussie, il est essentiel que les attentes et les modes de vie des colocataires soient compatibles. Si ces éléments ne sont pas bien pris en compte, des tensions peuvent rapidement apparaître, ce qui souligne l’importance d’une bonne préparation et d’une communication transparente avant tout emménagement.

 

Rédaction : Lauryn BIKILE. 
Direction Communication Groupe IGENSIA Education.

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